Le retour de Fabienne

Si vous êtes adhérent des JSA depuis moins de trois ans, vous êtes les seuls à avoir une excuse pour ne pas connaître Fabienne Matho. Elle fait partie des acteurs majeurs de notre Maison de Quartier depuis trente ans. La fameuse professeure de gymnastique des JSA vient de passer trois ans, jour pour jour, en Nouvelle-Calédonie. Elle a retrouvé le froid de Saint-Augustin depuis le 22 février. Résumé de ces trois années qui ont marqué sa vie.
A ton arrivée en Nouvelle-Calédonie, qu’est-ce que tu as trouvé de radicalement différent par rapport à la métropole ?
Les communautés ne se mélangent pas, ils vivent les uns à coté des autres sans se mélanger. Cela nourrit pas mal de racisme malheureusement… ça m’a vraiment choquée en arrivant. Mais au-delà de ça, j’ai rapidement constaté que les échanges étaient plus faciles avec les gens. Tout le monde se tutoie ! Il y a une convivialité innée. Et puis la vie est plus détendue en Nouvelle-Calédonie. On le constate même dans la manière de conduire : les gens te laissent passer au stop !
Au quotidien, qu’est-ce qui change ?
Les horaires ne sont pas les mêmes car ils sont calés sur le soleil. L’école, par exemple, démarre dés 7h30, on déjeune à 11h30 et le soir, les enfants sont au lit à 20h. Quant à l’alimentation, évidemment, c’est assez différent. On peut dire que j’ai fait une cure de fruits pendant trois ans ! Il y avait des ananas, des mangues, des pommes lianes, des pitayas, des corossols… On mangeait également beaucoup de poissons.
Quelles fonctions occupais-tu là-bas ?
J’ai été maîtresse d’école en CM2 pendant deux ans dans le quartier de la Rivière salée. J’ai su deux jours avant la rentrée que j’avais cette classe. J’ai alors énormément travaillé pour rattraper mon niveau. Avec mes collègues, on se répartissait certains cours. Moi, je me suis spécialisée en Histoire. Et celle de la Nouvelle-Calédonie m’a passionnée : la colonisation, l’histoire du bagne… J’ai aussi mené pas mal de projets avec, toujours, l’envie d’emmener mes élèves le plus haut possible. Et grâce au travail et à leur motivation, ils sont montés sur plusieurs podiums : celui du cross de l’école, et celui du concours d’orthographe aussi ! J’étais vraiment en symbiose avec eux. C’était génial !
Et tu leur as fait découvrir aussi le jeu du loup-garou…
C’était la carotte pour les motiver à travailler, et ils ont adoré ! Ils ne connaissaient pas ce jeu, et même pendant les vacances, ils me contactaient pour que j’organise des parties.
Tu as continué à enseigner la gym ?
Bien sûr, au club de gym. Il y avait une bonne ambiance. J’avais 65 élèves, c’était donc un peu compliqué mais des intervenants m’aidaient.
Quelles activités pratiquais-tu en dehors de ton travail ?
La randonnée, la plongée, le paddle, le padel tennis aussi… Et nous avons beaucoup voyagé, explorant toute l’île et quelques pays voisins comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande, Vanuatu, l’ouest des Etats-Unis. Il faut dire que là-bas, on se sentait en vacances tous les week-ends ! Me voilà de retour en France sans le regret d’avoir raté quelque chose.
Qu’est-ce que ces trois années t’ont apporté ?
Une grande richesse humaine et culturelle. Et elles m’ont apaisée. Je relativise plus, je prends plus de recul. Et ça, c’est l’état d’esprit du Pacifique !